Littérature écranique

Si Gérard Genette dans Nouveau Discours du récit affirmait d’abord que le style d’un écrivain ne pouvait se comparer à celui d’une caméra puisqu’il n’en avait pas, il se reprenait cependant et ajoutait en note : « Il est vrai qu’il peut aujourd’hui, “effet rebound” d’un médium sur l’autre, feindre d’en avoir une. » [1]

Ainsi, dans de nombreux textes contemporains, l’écriture romanesque se mêle à l’écriture filmique – par l’intermédiaire d’allusions, de citations, ou d’emprunts formels plus nettement revendiqués – certains passages transformant même le lecteur en spectateur tandis que les personnages semblent parfois presque être les acteurs d’un film. Ce genre hybride, entre littérature et film (de cinéma ou de télévision), est ainsi le reflet d’une écriture privilégiant l’échange, l’interaction entre les arts et leurs différents supports médiatiques. Une intermédialité qu’André Gaudreault, propose de définir dans son ouvrage intitulé Du littéraire au filmique :

« L’intermédialité est […] ce concept qui permet de désigner le procès de transfèrement et de migration, entre les médias, de formes et de contenus, un procès qui est à l’œuvre de façon subreptice depuis déjà quelque temps mais qui, à la suite de la prolifération relativement récente des médias, est devenu aujourd’hui une norme à laquelle toute proposition médiatisée est susceptible de devoir une partie de sa configuration. » (175)

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